Nous avons toutes appris à pédaler lorsque nous étions enfants. Cet acte nous semble très banal aujourd’hui, mais il découle pourtant d’un long processus d’acceptation concernant les femmes à vélo. Critiqué par la société à ses débuts, le cyclisme féminin a longtemps été freiné par des codes de conduite bien ancrés dans une structure sociale traditionaliste. Mais alors, par quelles étapes les dames de l’époque sont-elles passées avant de pouvoir imposer la bicyclette dans leur vie ? Et surtout, où en sont-elles aujourd’hui ? Voici donc un petit aperçu de l’ascension fulgurante du véhicule à deux roues.
Des débuts difficiles pour les femmes à vélo
Les femmes ont longtemps été assignées à la vie domestique, rythmée par des journées semblables et bien établies, dans une société patriarcale. Elles avaient le devoir de projeter une image modèle aux yeux de la société. Puis, au XIXe siècle, apparut la bicyclette ! Cette invention révolutionnaire va leur permettre d’aspirer à davantage d’autonomie, et de quitter leur lieu de vie clos. Elles peuvent dès lors se déplacer en toute liberté.
Cependant, ce nouveau phénomène va bouleverser la société de l’époque, et la gent masculine en particulier. En effet, celle-ci voit d’un très mauvais œil l’intérêt que suscite ce nouveau moyen de locomotion chez leur épouse, leur sœur ou leur fille. Désormais, elles quittent l’intimité de leur logement et osent se montrer en public. La bicyclette devient alors, dans l’esprit des hommes, un instrument de pouvoir qu’il faut absolument abolir. Ainsi, de nombreuses théories sont proclamées, afin de porter à la connaissance de tous, les problèmes engendrés par l’utilisation du vélocipède par les femmes :
Celles-ci rejettent leur vraie nature, ne parlent plus chiffons, mais s’intéressent plutôt à la valeur marchande du fameux cycle. Elles s'immiscent alors dans les affaires d’argent pour lesquelles elles ont toujours été écartées.
Elles cherchent à imiter la supériorité naturelle de l’homme, quant aux coups de pédale qu’elles font subir à leur monture. Ce geste les rend grotesques et leur donne une très mauvaise image.
La selle occasionne de graves problèmes d’ordre médical au niveau des parties intimes.
La population féminine est exposée à un certain laisser-aller, et par conséquent, un indéniable manque de savoir-vivre.
Toutefois, ces arguments peu convaincants, et la dérision avec laquelle ils sont employés, ne font qu’accroître l'intérêt des femmes pour la machine.
Un bouleversement dans les mœurs féminines
Le tout premier obstacle rencontré, lors de l’utilisation de la bicyclette, est la tenue vestimentaire.
Modification vestimentaire
En effet, les femmes portaient autrefois de longues jupes longues volumineuses qui n’étaient pas du tout adaptées à la pratique du cyclisme. De nouveaux modèles de bicyclettes, appelés « col de cygne », font donc leur apparition : ils permettent alors aux dames de garder leur tenue vestimentaire de rigueur. Cette activité n’était d’ailleurs encore réservée qu’aux privilégiées. De cette manière, la tenue féminine adoptée dans les clubs huppés demeurait la jupe longue, accommodée d’un gilet, d’un foulard, de bottines et de gants.
Cependant, la « petite reine », ainsi nommée autrefois, se démocratise, et les femmes aspirent à des vêtements plus confortables. Une véritable polémique éclate à partir de 1890, lorsque le sujet du droit des femmes à porter le pantalon est abordé. C’est alors qu’apparaissent les grandes culottes bouffantes resserrées sous les genoux, accusées de masculiniser le genre féminin.
Changement comportemental
À en croire les écrits du XXe siècle, la pratique de la bicyclette entraînait une certaine désinvolture, et un manque de décence chez les femmes. Tout d’abord, leur langage évoluait dans le mauvais sens, altéré par cette nouvelle liberté de mouvement qu’elle offrait. Leurs propos étaient désormais plus légers, et exprimaient davantage leur point de vue.
Ensuite, elles prenaient de plus en plus confiance en elles en quittant seules leur domicile. Aussi, elles ne baissaient plus les yeux devant les hommes, et cherchaient même à découvrir le monde d’un regard beaucoup plus assuré.
Leur démarche aussi paraissait plus expansive, facilitée par la culotte de cycliste, bien moins encombrante que la longue jupe bouffante. De plus, leur peau bronzée par le soleil trahissait l’exercice physique en extérieur qu’elles s’autorisaient dorénavant.
Le cyclisme féminin aujourd’hui
De nos jours, la pratique du vélo par les femmes a beaucoup évolué. D’ailleurs, il existe un réel élan dans ce sens : des magazines, des sites Internet et des clubs d'entraînement spécifiques ont vu le jour. De nombreuses initiatives fleurissent également un peu partout en France, comme par exemple, nos stages 100 % féminins !
Les femmes ne recherchent plus seulement une liberté de mouvement, mais elles espèrent trouver sur la route une nouvelle forme de bien-être. Revêtir un maillot de cyclisme féminin est désormais synonyme de sérénité, tant pour l’esprit que pour le corps ! La pratique du vélo est assurément idéale pour toutes celles qui souhaitent arborer une belle silhouette. Voici, à ce propos, trois bonnes raisons à cela :
Le cyclisme est l’activité anti-cellulite par excellence. C’est un sport d’endurance qui brûle les graisses, tout particulièrement au niveau des cuisses et des fesses.
La ceinture abdominale est fortement engagée, ce qui contribue à affiner le ventre.
Dans le cas de surpoids, un tour à vélo est idéal pour débuter tout exercice sportif sans mettre les articulations à rude épreuve. En effet, aucun effort n’est à fournir à ce niveau-là puisque le vélo supporte notre poids pour nous !
Cet engouement a entraîné le développement de lignes plus féminines dans sa conception ainsi que des tenues adaptées à la morphologie de la femme. Malgré cela, il reste encore quelques obstacles à une totale immersion du vélo dans notre vie quotidienne. Ceux-ci sont dus au mode de vie de la femme moderne. Elle reste toujours, dans la majorité des familles, le membre désigné pour récupérer les enfants à l’école ou faire les courses hebdomadaires. Il est alors bien difficile dans ces cas de se passer de la commodité de la voiture.
Depuis la création de la bicyclette au XIXe siècle, la condition de la femme dans notre société n’a cessé d’évoluer : celle-ci aspire à davantage de liberté, et prend confiance en elle. L’émergence du véhicule à deux roues reste donc un symbole fort de l’émancipation féminine. Bien que le nombre de dames à vélo soit aujourd’hui encore inférieur à celui des hommes, il est important de souligner que le cyclisme féminin ne cesse d’évoluer. Son intérêt grandissant revêt une importance non négligeable depuis des siècles, et son histoire est donc toujours en construction...
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